Invendus
Sans pouvoir vous
« vendre » ce qui suit sous l'étiquette ciné-roman,
il serait dommage de ne pas en toucher quelques mots. Certains ouvrages
cités sont les authentiques ancêtres du ciné-roman,
premiers stades de son évolution, d'autres empruntent sa technique
pour les adapter à d'autres cieux ou à d'autres fins. Autrefois A partir des années 1910, des fascicules hebdomadaires racontaient en quelques pages et une dizaine de photographies l'épisode de la semaine du feuilleton simultanément exploité dans les salles de cinéma. L'Administration des ciné-romans publiait par exemple Judex en 1917, Fayard sous le titre générique Les films chez soi donnait Les mystères de Paris en 1923, Jules Tallandier le Vingt ans Après de Diamant-Berger. Ces feuilletons, qui ne se nommaient pas encore sérials, étaient aussi appelés ciné-romans. Le même nom était donné aux fascicules qui les racontaient. Je vous renvoie aux excellents textes de Francis Lacassin sur cette époque, comme par exemple son Maître des lions et des vampires : Louis Feuillade, aux éditions Bordas. |
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L'éditeur de Judex se nommait pompeusement Administration des ciné-romans |
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L'hebdomadaire Cinéma
Bibliothèque de Jules Tallandier est probablement la collection
la plus diffusée dans les années 20-30. Les films étaient
résumés sur une centaine de pages et illustrés d'héliogravures
hors texte. Dans la même période, sous un format plus modeste
Le Film Complet publiait des brochures de
16 pages. La collection Mon Film prenait
la relève et maintenait la même formule jusqu'à la
fin des années 50. |
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La célèbre collection à la couverture rouge Cinéma-Bibliothèque |
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Après ce raccourci
d'historique, nous voilà arrivés aux premiers ciné-romans
tels qu'ils nous intéressent. En retournant au kiosque,
vous les trouverez sur le présentoir.
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Ailleurs
et autrement
On peut trouver quelques traces aux USA d'éditions utilisant la technique du ciné-roman. Le magazine New-Yorkais de James Warren, Famous Films a publié dans son numéro 2 Frankenstein s'est échappé et Le Cauchemar de Dracula, mais seulement sur 42 pages pour les deux titres, composées uniquement de photographies de plateau. Je ne doute pas que cette revue ait publié d'autres titres. Mais ces exemples sont rares, le procédé reste spécifique des pays méditerranéens. Avec une exception notable : l'exportation du procédé vers l'Amérique Latine. Voir sur cette page un aperçu sur l'édition internationale. Si on quitte les kiosques pour se tourner vers les publications en librairie, il semble n'y avoir eu que deux exemples d'utilisation du moyen d'expression qui nous occupe. En 1974, The Film Classic Library de Richard J. Anobile a édité quelques albums de 250 pages grand format retraçant en photogrammes un film au plus près de son découpage ; la quatrième page de couverture revendiquait d'offrir :
Anobile a publié
ainsi Frankenstein, Le
faucon maltais, Casablanca, La
chevauchée fantastique, Psychose. Autant dire que cette
collection est inestimable.
Le pendant français de Film Classic Library aura été La Bibliothèque Des Classiques du Cinéma (remarquez la similitude des titres) des éditions Balland qui publia, en 1974 également, entre autres Les visiteurs du soir, La Grande Illusion, Drôle de drame, La Belle et la Bête. On y trouve le même souci cinéphilique de restituer la totalité des plans et des dialogues. Je gage que quelques titres de ces deux collections figurent dans les bibliothèques des (quelques ?) amateurs de ciné-romans. |
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Le Horror of Dracula de Terence Fisher raconté approximativement dans Famous Films N°2 |
Le Frankenstein de James Whale raconté plan par plan et mot à mot par Richard J. Anobile |
Je ne saurai terminer
sans citer la revue de cinéma qui au plus fort de la mode du
ciné-roman n'hésitait pas à publier des notules
sur ces parutions, la SEULE revue qui en parlait, la mère fondatrice
de la culture cinématographique de toute une génération
: Midi Minuit Fantastique. |
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L'affichage en kiosque de la couverture du numéro 1 de Midi Minuit Fantastique reste un évènement mémorable |